Micro-entreprises et plateformes internet : collaborations et conflits

© Casey Gutteridge – CPG Photography

Article mis à jour et augmenté le 26 février 2024

Les dernières statistiques de créations d’entreprises publiées par l’INSEE en février 2024 nous apprennent que le niveau de création d’entreprises en France tend à se stabiliser : 1 051 500 nouvelles entreprises ont vu le jour au cours de l’année 2023 soit 1 % de moins qu’en 2022. Alors que l’on observe un recul de la création de sociétés (-8%) et des entreprises individuelles classiques (-6%), les créations de microentreprises continuent d’augmenter (+ 3%) pour atteindre un nouveau record : 667 400 en un an.

Ces chiffres confirment le développement de l’esprit d’entreprendre en France ; toutefois la part, croissante, des créations avec le statut de micro-entreprise (63 % des immatriculations) doit attirer l’attention sur plusieurs points :

– la diversité des motivations* pour le choix de ce statut grâce auquel le nombre de créations d’entreprise par an a triplé depuis 2008, année de la création du régime de l’auto-entreprise maintenant appelée microentreprise

– la place de l’intermédiation numérique par laquelle le microentrepreneur a recours à un tiers développer voire organiser son activité

– l’évolution du « monde du travail » avec glissement du format employeur/salarié vers une relation de donneur d’ordre/prestataire.

*A propos de motivation pour la création d’entreprise : on peut souligner ici qu’en 2023 Pôle Emploi a estimé qu’environ une entreprise sur deux est créée par un demandeur d’emploi. Cela s’explique en partie par le fait que cet établissement public permet aux bénéficiaires des allocations chômage de créer leur micro-entreprise tout en percevant des indemnités. Cela ne doit pas faire oublier que pour certains demandeurs d’emploi en fin de droit, notamment chez les jeunes, il n’y a pas d’autre choix que s’inscrire sur une plateforme de type UberEats ou Deliveroo pour gagner (maigrement) sa vie.

Micro-entreprise : de quoi parle-t-on ?

Administrativement la microentreprise est une forme d’entreprise individuelle qui bénéficie d’un régime fiscal simplifié et d’un calcul des charges sociales forfaitaire   D’après les dernières données publiées URSSAF fin juin 2023 on en dénombrait 2,715 millions en 2023 dont dont 51 % étaient vraiment actives avec un chiffre d’affaires annuel moyen de 19400 € et un revenu mensuel moyen de 590 € (INSEE). On constate que près de 30 % des micro-entrepreneurs exercent aussi une activité salariée.

Les microentreprises constituent un ensemble très hétérogène quant aux secteurs d’activité dont elle relèvent notamment le BTP (gros oeuvre, installation, finition), le commerce de détail (alimentaire et no alimentaire), le transport de voyageurs ou de marchandises (VTC, livraison à domicile…), l’informatique et la communication, l’hébergement et la restauration, les services aux entreprises (conseil, administration, comptabilité.. ), les services à la personne (aide à domicile, soins du corps…).

On notera aussi que, en 2023, 17 % des nouvelles microentreprises sont créées par des personnes de nationalité étrangère, 39 % des micro-entrepreneurs ont moins de 30 ans (62 % dans le secteur du transport) et 42 % des microentreprises sont créées par des femmes (INSEE).

Que les micro-entrepreneurs se mettent à leur compte par choix de vie professionnelle, pour compléter leurs revenus par nécessité économique, leur liberté d’action peut être très différente selon les clientèles et les circuits commerciaux utilisés pour les atteindre.

Le micro-entrepreneur seul maître à bord ? Pas toujours…

En principe

Les micro-entrepreneurs sont,des travailleurs non salariés véritablement indépendants, par exemple : un photographe free-lance en début d’activité, un consultant en marketing, un commerçant à l’activité « informelle » jusque là qui régularise sa situation.

On voit ainsi des infographistes qui se mettent à leur compte pour vivre leur vie professionnelle sans patron, des ingénieurs qui, au sortir de l’université ou après quelques années d’activité salariée, se lancent dans une activité artisanale qui les passionne, des bricoleurs habiles qui ne veulent plus travailler au « black ». 

Le micro entrepreneur et son marché

La route est longue pour trouver des clients et avoir une activité régulière : inscription sur des annuaires, bouche à oreille, association professionnelles, ancien patron passant un premier contrat pour amorcer la pompe.

Un parcours semé d’embûches commence alors pour ces entrepreneurs solitaires et souvent inexpérimentés dont le travail acharné et la débrouillardise ne suffisent pas toujours à pérenniser leur activité à un niveau de rémunération décent.

Heureusement, certaines microentreprises connaissent la réussite (dans 30 % à 50 % des cas selon que le projet a été accompagné ou non), le chiffre d’affaires se développe et les plus dynamiques passent à la vitesse supérieure en changeant de catégorie (pour devenir des entreprises individuelles le plus souvent) et embauchent leur premier salarié.

L’intermédiation numérique est incontournable. Elle peut passer par une plateforme de mise en relation avec des clients potentiels via un apporteur d’affaire généraliste offrant des opportunités de développement commercial, par une plateforme spécialisée (secteur du BTP, Informatique et communication,.. .), par des places de marchés multisectorielles (LeBoncoin, Amazon, …) ou un service complètement intégré de type Uber, Deliveroo…

Actuellement un nouveau micro-entrepreneur sur six trouve ses clients avec une plateforme de mise en relation ; cette proportion s’élève à près de deux sur trois dans les transports, secteur dans lequel l’entrepreneur l’est de moins en moins au point que plusieurs plusieurs décisions de justice ont requalifié la relation de la plateforme avec le microentrepreneur en contrat de travail comme cela été le cas en France pour plusieurs plateformes (dont Deliveroo et Uber) et dans d’autres pays d’Europe (Royaume Uni, Espagne, Italie).

Plateformes et dépendances

Les progrès de l’informatique et des télécommunications, ainsi que la généralisation de l’usage du smartphone, ont démocratisé l’interactivité numérique qui envahit notre vie quotidienne dans le secteur non marchand véritablement coopératif : échange, partage, etc. , et dans les prestations commerciales : chat commercial de sites de vente e-commerce, enquêtes en ligne, publicités ciblées…

On l’a vu plus haut, bon nombre de micro-entrepreneurs ont recours à des plateformes « collaboratives » qui les mettent en relation avec des clients qu’ils n’ont pas prospecté eux-mêmes. Leur liberté d’action est alors limitée par les règles de fonctionnement et les exigences de la plateforme et ce d’autant plus qu’elle a « ubérisé » son process de A à Z.

Dans cet univers de l’économie collaborative monétisée, où le troc et la partage sont devenus un business, les secteurs les plus touchés par l’ubérisation sont le transport de personnes, la livraison à domicile, les services à la personne, l’enseignement, le tourisme, le marketing conversationnel, et même l’industrie du sexe…

L’indépendance du microentrepreneur est très relative lorsqu’il utilise les technologies numériques d’intermédiation intégrées, que ce soit en terme de définition des tarifs (qui peuvent être unilatéralement revus à la baisse par la plateforme) ou en terme de liberté d’organisation en particulier du planning de « l’entrepreneur » à qui l’on a fait miroiter une activité à temps choisi. Ce temps choisi ne l’est pas vraiment tant il est dit et redit que les horaires les plus « rentables » sont à telle ou telle heure et que sa notation peut dépendre de sa réactivité (et donc de sa disponibilité).

Le prestataire branché sur la plateforme sait bien que c’est au moment où il y a des clients qu’il doit être disponible s’il veut gagner sa vie. Faut il alors que la plateforme insiste autant, au point de devenir un apporteur d’affaire directif par sa capacité à piloter et/ou filtrer, à sens unique, la relation de l‘entrepreneur vers les clients. A cette dépendance au jour le jour s’ajoute la crainte de se voir privé de rémunération si la plateforme, très souvent déficitaire, cesse brutalement son activité comme Take Eat Easy en juillet 2016.

Bref, ces (micro)entrepreneurs là ne maîtrisent pas leur avenir et la perspective de croissance de leur propre activité est hypothétique voire nulle … la face cachée de la Start-up Nation en quelque sorte.

Profits et pertes

L’activité des ces plateformes permet à des dizaines de milliers de chômeurs, d’étudiants ou de travailleurs précaires de facturer une vingtaine d’euros par heure (dans le meilleur des cas) ce qui leur permet d’espérer percevoir une rémunération horaire de dix euros une fois toutes les charges déduites.

Pour les entreprises, le recours au micro-entrepreneur a l’avantage de faire diminuer ses charges (le coût unitaire d’une prestation d’un micro-entrepreneur payé « à la tâche » peut être jusque deux fois moins élevé que dans le cas de l’exécution du travail par un salarié) et surtout les contraintes de passif social d’un contrat de travail.

Le statut de micro-entrepreneur ne sert donc pas qu’aux entrepreneurs eux-mêmes, il est aussi une aubaine pour des sociétés, parfois peu scrupuleuses, qui usent et abusent de ce dispositif pour contourner les règles du travail salarié.

A ce jeu biaisé de qui perd-perd où le micro-entrepreneur subit une quasi-subordination deux questions sont posées :

  • Ces nouveaux circuits, dont la rentabilité est encore un mirage ont ils tous un avenir dans la contexte économique actuel et le cadre normatif à venir ?
  • Comment la valeur ajoutée peut elle être partagée entre le donneur d’ordre, le client et l’entrepreneur sans que le travail de ce dernier soit disqualifié, sous payé, et contraint à une précarisation pénible et une paupérisation injuste ?

En décembre 2021, la commission Européenne a présenté un projet de directive contenant différentes dispositions “visant à renforcer les droits des travailleurs des plateformes numériques comme Uber, Deliveroo ou Bolt ». Les eurodéputés se sont prononcés favorablement (en renforçant le texte) en février 2023 ; en revanche et sur fond de divergences entre les États membres, le conseil de l’Union Européenne a proposé d’assouplir le texte initial. Il faut donc que la Parlement et le Conseil s’accordent sur la version finale de la directive pour qu’elle soit adoptée : après une demi douzaine de cycles de négociations on attend (toujours) la suite…

Pour le moment, en France, la micro entreprise est un classification légale qui permet trop souvent de transférer, à moindre coût, du travail salarié vers un statut d’indépendant moins coûteux pour le donneur d’ordre et moins protecteur pour le travailleur qui n’a d’entrepreneur que le statut administratif..

Qu’elles soient complètement libres ou dépendantes d’une intermédiation numérique, les micro-entreprises ne pourront continuer de se développer qu’à la condition que leur activité et le travail des micro-entrepreneurs soit synonyme de vie sociale dans une relation saine avec leur donneur d’ordre, donc d’un rapport client-plateforme-prestataire équilibrée, et non pas de “trepalium”.

Cet article a été republié le 02/03/24 sur le site “Educavox, les acteurs de l’école” dans la rubrique Débats : https://educavox.fr/accueil/debats/micro-entreprises-et-plateformes-internet-collaborations-et-conflits

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26 thoughts on “Micro-entreprises et plateformes internet : collaborations et conflits”

  1. Bonjour,

    Votre article est très intéressant, vous rentrez dans les détails de ce problème qui représentatif du « recrutement » aujourd’hui.
    Sauf erreur de ma part, je crois que le terme dans le conclusion est « trepalium » et non « trepanium ».

    Excellente journée,

  2. Merci beaucoup pour la qualité de l’analyse de votre article. Vous avez parfaitement analysé les enjeux de ce regime juridique (roue de secours temporaire et très rarement transformation vers un statut entreprise) et la manne qu’il représente dans la société actuelle qui tend à une ubérisation de tous les secteurs d’activité. Il serait intéressant de “creuser” et comparer les coûts réels et les responsabilités pour l’entreprise d’un salarié et d’un auto-entrepreneur. Merci encore.

  3. Cet article est effectivement intéressant en ce qu’il démystifie le statut d’autoentrepreneur en allant au-delà des apparences (souvent trompeuses).
    Merci.

  4. Il serait intéressant de savoir combien d’auto-entrepreneurs qui se sont lancés dans un domaine d’activité et qui ne voyant rien comme débouchés, se sont remis en question et ont repris un autre domaine d’activité avec une réussite.
    Cela étant votre article est comme toujours bien documenté et agréable à lire.

  5. Merci pour cet article de vulgarisation qui de façon très synthétique fait un état de la situation et en présente les enjeux. On pourraît, pour ceux que l’histoire de l’industrie intéresse faire un parrallèle avec les travailleurs à façon du textile qui étaient payés à la pièce et n’avaient avec leur donneur d’ordre qu’une relation contractuelle…

  6. l’article met bien en évidence que le micro entrepreneur tire une rémunération très faible de son travail
    Mais on indique aussi que la plupart des plateformes d’intermédiation perdent elles-mêmes de l’argent. Quel futur pour ce type de business peut on donc selon vous imaginer suite à ce double constat ?

  7. Bonjour,
    Merci pour votre analyse très intéressante de ce que recouvre trop souvent l’activité de micro-entrepreneur : une galère pour gagner sa vie qui n’a rien à voir avec le miroir aux alouettes tant vanté.
    Il me semble que le nom de la startup Take Eat Easy qui a cessé son activité fin 2018 s’écrit comme je viens de l’orthographier.
    Pour une correction éventuelle.
    Belle journée à vous.

  8. Bonjour,
    bonne synthèse du phénomène.
    L’auto-entrepreneuriat a été formalisé pour récupérer, socialiser et fiscaliser une réalité économique qui existe depuis toujours. Son essor extraordinaire à ses débuts (sous Sarko) a été boosté par la pression fiscale et le montant des charges sociales qui ont, dans notre pays, atteint des records souvent jugés insupportables.
    En ce sens l’auto-entrepreneuriat vise à tuer le salariat, considéré par l’employeur comme trop contraignant aussi ; un siècle et demi d’acquis sociaux parfois gagnés au prix du sang sur les barricades se réduit comme peau de chagrin.
    Les tribunaux qui tentent de réfréner ce mouvement de fond par quelques arrêts requalifiant en salariat une relation trop disproportionnée entre donneurs d’ordre et travailleurs pseudo-indépendants mènent un combat d’arrière-garde, que je suppose perdu d’avance.

    Il est urgent de repenser de fond en comble une relation client/donneur d’ordre/travailleur, à refonder sur des principes humains plutôt que sur cet individualisme forcené qui a mené à l’expression crue et sauvage de l’exploitation de l’homme par l’homme telle qu’on la connaît aujourd’hui.

  9. Belle analyse !
    L’indépendance de certains micro entrepreneur vis à vis des plateformes et matketplaces dites “collaboratives” est bien plus importante que ce que l’on croit et il est très important de le souligner.
    Merci.

  10. Bravo @Xavier Drouet pour cet article réaliste, qui sort du regard “bisounours” souvent porté sur le développement d’activité. Le monde des indépendants n’est pas rose, et même avec beaucoup de talent dans un domaine, tout le monde n’est pas expert en marketing et vente. Et le problème majeur reste souvent de trouver des clients prêts à payer un juste prix! Et certaines entreprises n’hésitent pas à profiter clairement de la situation comme vous le mentionnez …

  11. Un bon résumé de la situation. Une opportunité qui peut se transformer en miroir aux alouettes, voire en cauchemar, ou comment une bonne idée devient une mauvaise innovation à cause d’un cas d’usage détourné de sa fonction première, faciliter la création d’activité.

  12. Très intéressant , votre article donne à réfléchir.
    Cependant, le fait de mettre des mots sur cette situation ne rend pas optimiste sur cette recherche de “vie sociale dans une relation client fournisseur saine”.
    Peu de sociétés ont réellement cette volonté, d’autant plus quand elles tiennent le couteau par le manche.

  13. L’émergence de l’auto-entrepreneuriat s’est imposé comme une fatalité à cause du manque de recrutement dans les entreprises et les administrations, qui n’embauchent plus par soucis de réduction des coûts.

    Le travail qui est l’expression de l’activité humaine c’est transformé en marchandise et c’est ce qui pousse les micro-entrepreneurs ou autoentrepreneurs à se mettent à leur propre compte. Ce choix de vie professionnelle est souvent une nécessité qui est imposée par la situation d’un monde du travail fermé, qui ne permet pas (ou plus, selon les cas) de (re)trouver un emploi stable.

    Certains prestataires se mette en free-lance en début d’activité, car il leur est difficile d’accéder au monde du travail sans une expérience professionnelle. On le voit dans toutes les annonces, les recruteurs exigent une formation académique qui nécessite plusieurs années d’études et une expérience professionnelle d’au moins 5 ans dans un poste similaire à celui qui est à pourvoir. La durée de 5 ans d’expérience étant ainsi devenue un standard d’exigence. Un jeune diplômé ne peut, logiquement, pas cumuler ces deux exigences.

    D’autres prestataires se mette en free-lance, lorsqu’ils sont en fin d’activité en entreprise, pour causes de licenciement dû à une délocalisation ou d’un départ forcé en pré-retraite, etc.

    Les sociétés peu scrupuleuses, dont la plupart sont cotées en bourse, sont la cause du manque d’embauche et sont celles qui usent et abusent de ce dispositif pour contourner les règles du travail salarié. La conséquence en est l’émergence d’une paupérisation du travail, même si certaines microentreprises connaissent la réussite, du fait de la spécificité de l’activité professionnelle.

  14. Que ce soit par une approche de coûts ou par un approche de prix , quelque soit le mode de fonctionnement juridique, une heure de travail ne peut pas être vendue à 20 €. Si le volume ne permet pas un salaire minimum pourquoi poursuivre ?

  15. Merci pour cet article qui souligne bien les limites de ces plateformes et la dépendance de ces entrepreneurs pour trouver leurs premiers clients. Réussir à se faire une place et un nom parmi ce vaste monde des freelances ou micro-entrepreneurs qui s’internationalise d’autant plus laissant une concurrence terrifiante face à des prix ridiculement bas pour certains pays. J’ajouterai également dans la balance, la position des agences qui est de plus en plus difficile à tenir face à cette compétitivité. L’alignement sur leurs prix étant impossible à moins qu’une régulation s’impose pour rétablir un ordre équitable et juste. pour tous.

  16. Bonjour Xavier,
    Oui votre article soulève une problématique sur le statut de micro-entreprise. Toutefois, vous pouvez l’étendre bien au-delà de ce statut, soit activité libérale, entreprise… Depuis qu’on nous oriente sur la création d’activité et d’entreprise. Mais bien trop de personnes s’engagent sur des activités assez communes et accessibles (formation, budget) qui de plus sont attrayantes.

    En contrepartie dans ces secteurs la vente de prestation est souvent bien plus grande que la demande. Je parle en connaissance de cause, après avoir lancé mon activité sur le web dans les années 95, j’ai bien vu l’évolution et le futur proche.

    Dans les années 2000 il était facile de décrocher des projets avec une simple présence sur internet. A ce jour, en vue du nombre de concurrents, cela demande plus de travail pour se positionner et se vendre, que la production des projets en cours.

    Bref, il faudrait relire Steinbeck Les raisins de la colère https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Raisins_de_la_col%C3%A8re
    Pour comprendre que le nombre de prestataires fait jouer la concurrence et fait baisser les prix… D’où travailler à perte. Certes, aucune aide de l’état (financière, commerciale…) pour ces petites activités. Seules les grandes entreprises multinationales bénéficient de l’aide de l’état ou de la région, alors qu’elles sont cotées en bourse et dégagent des millions voir milliards en chiffre d’affaire annuel.

    Certes, nous sommes loin des modèles d’entreprise de l’Europe du nord, ou le travail est bien organisé et réparti entre les grandes entreprises et PME, TPE…

    En France tout est fait pour encourager la création d’activité et pour faire baisser le nombre des chômeurs. Ainsi, le problème affectent toutes les petites structures. Le statut de micro-entreprise n’est pas le seul impacté. Je dirais même que certains s’en sortent bien, cela pour avoir travaillé avec des micros entrepreneurs.

    1. Toutes les entreprises, petites ou grandes, sont éligibles aux aides des collectivité, de l’État ou de l’Europe. Ce sont celles qui sont les plus familières des procédures qui obtiennent le plus de subventions : notamment les grandes entreprises et les E.T.I. Il y a aussi des PME et des TPE qui bénéficient de ces aides quand elles ont un projet correctement argumenté. Cela dit il y a encore trop peu de ces petites entreprises candidates aux multiples dispositifs de soutien qu’elles connaissent mal faute compétences internes et un appui extérieur efficace.

  17. Excellente analyse qui met en évidence l’évolution de la précarisation du monde du travail…

  18. Deux compléments:
    – de nombreux jeunes issus des banlieue, qui ont du mal à s’insérer dans l’emploi (ou que les entreprises ne souhaitents pas intégrer!) ont trouvé une solution dans ce type d’activité, prouvant à la fois leur volonté de gagner “proprement” leur vie, et les insuffisances du marché de l’emploi (peut-être aussi les limites de l’Education Nationale et de l’orientation…)
    – l’émergence d’emplois de service proches de l’esclavage, pour livrer à domicile toutes sortes de produits. S’il y a bien toute une population âgée ou malade ayant besoin de livraison à domicile, c’est le plus souvent une forme de “confort” et de recentrage sur le domicile, avec le refus des “corvées”, et l’éloignement de la ville et des formes ordinaires du commerce, avec à terme une interrogation sur la vie sociale…

  19. Cela souligne le “halo” du chômage, un jeune n’ayant pas encore travaillé n’a droit qu’à de bonnes paroles! Et aussi qu’une part d’entre eux sort de l’école sans diplôme, ou sans relation avec les besoins réels ou supposés des entreprises locales. Et sans aide, qui ne peut être que familiale, comment aller ailleurs? Les taux de chômage sont particulièrement élevés dans le Nord et en Occitanie, mais ce n’est pas vraiment là qu’on puisse livrer des pizzas avec son propre vélo ou un d’une “flotte municipale”, légèrement détourné de son objectif initial… Bref, comme vous l’évoquez assez directement, une part importante de la pseudo-création d’entreprise révèle surtout des tentatives plus ou moins réussies pour tenter de survivre, et un tissu économique fragilisé…

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