
D’après l’article publié fin mars 2025 par l’Institut National des Études Démographiques (INED), la population française au 1er janvier 2025 est estimée à 68,6 millions d’habitants soit une croissance de 0,25 % en un an. Ces 169.000 habitants supplémentaires résultent ultra majoritairement du solde migratoire (estimé à 152.000 personnes par l’INSEE) alors que le solde naturel a atteint un niveau historiquement bas, passant de 140.000 en 2019 à 17.000 en 2024 avec une baisse ininterrompue du nombre mensuel de naissances depuis plus de deux ans. Cette situation inédite annonce une stabilisation puis une décroissance de la population dont les effets ne sont pas neutres.
Démographie française en 2024
Naissances en baisse
663.000 enfants sont nés sen 2024, soit 2,2 % de moins qu’en 2023 et 21,5 % de moins qu ‘en 201,0 année du dernier pic des naissances dans notre pays. L’indicateur de fécondité a reculé à 1,62 enfant par femme. Il était de 1,68 en 2023 et n’a cessé de diminuer depuis 2010 où il s’élevait à 2,02 enfants par femme. L’age moyen du premier accouchement poursuit sa hausse pour atteindre 31,1 ans (vs 29,9 ans en 2010).
Les causes de cette tendance baissière sont multifactorielles : les Français sont moins enclins à fonder une famille et avoir des enfants par choix personnel pour des raisons économiques voire écologiques (la génération en age de procréer à connu trois crises en 15 ans, les effets du dérèglement climatique sont de plus en plus perceptibles, … )
Décès en hausse
646.000 personnes sont décédées en France en 2024, c’est 1,1 % de plus qu’en 2023. Cette progression, observée depuis 2011, est due à l’entrée à des ages de forte mortalité des premières générations du baby-boom (1946-1974). L’espérance de vie à la naissance est stable : 85,6 ans chez les femmes et 80 ans chez les hommes. L’espérance de vie à 60 ans est aussi historiquement élevée : 27,8 ans chez les femmes, et 23,7 ans chez les hommes.
Vieillissement de la population
Au 1er janvier 2025, 21,8 % de la population française a 65 ans ou plus. En nombre et en taux le nombre d’habitants de cette cette tranche d’age augmente depuis plus de 30 ans avec une accélération depuis le milieu des années 2010. Elle est liée au vieillissement des générations de « baby-boomers » (en 2025 les plus âgées auront 79 ans et les plus jeunes auront 51 ans). Au total, les personnes âgées d’au moins 75 ans représentent maintenant 10,7 % de la population alors que leur part de la population était de 8,0 % en 2005.
Solde Naturel au plus bas
En 2024, le solde naturel est minime: il est estimé à +17 000 (0,024%). En baisse depuis 2007 il atteint son plus faible niveau depuis 1945. C’est le solde migratoire (provisoirement estimé à 152.000 en 2024) qui permet la légère croissance de la population française.
Perspectives
Le solde naturel continue de baisser
Comme on l’a vu plus haut le nombre annuel de naissance ne cesse de diminuer depuis plus d’une décennie et cela va continuer d’après la projection (dénommée « Scenario 2024 ») qui est présentée dans l’article de l’INED publié fin mars 2025. Basé sur l’indice de fécondité de 2024, cette projection montre une poursuite de la baisse des naissances et de la hausses des décès le solde naturel sera négatif à partir de 2027 pour atteindre -256.000 vers 2060 avant de se stabiliser.
La hausse des décès est causée par les générations du baby-boom qui arrivent à des ages élevés. En revanche, les naissances augmentent faiblement au cours des deux prochaines décennies en raison de l’arrivée aux ages de procréer des générations encore nombreuses nées entre 2005 et 2015.
La population augmente pendant encore deux décennies
Bien que le solde naturel soit bientôt négatif, le scénario 2024 prévoit une hausse de la population qui plafonnera à 70 millions dans les années 2040. Le solde migratoire compense l’insuffisante fécondité et le tassement de la progression de l’espérance de vie. La population française diminuera ensuite pour atteindre 68 millions d’habitants en 2070.
Impacts socio-économiques
Évolution de pyramide des ages et solidarité intergénérationnelle
En 1975 la pyramide des ages française avait une base large résultant du baby-boom. Cinquante ans après cette base a rétréci par l’effet de l’érosion de la natalité des quinze dernières années ce qui réduit le nombre de jeunes de 0 à 15 qui sont le « réservoir » de la population future. Pendant ce temps, les enfants du baby-boom ont vieilli, ce qui élargit le sommet de la pyramide.
Dans la figure ci dessous on peut voir la simulation de la pyramide des ages française en 2070 comparée à ce qu’elle est en 2025. Les habitants de 70 ans et plus augmentent en nombre et en part de la population alors que les personnes de moins de 65 ans diminuent en nombre comme en proportion.

Pyramides des ages de la France en 2025 et en 2070 (INED « Scenario 2024 »)
Sans préjuger de choix politiques futurs, il apparaît que cette transformation démographique pose un défi majeur pour la soutenabilité des systèmes de retraite par répartition actuels à cause de la forte baisse du ratio cotisants / retraités. Parallèlement, la prise en charge collective des frais de santé risque aussi d’être déstabilisée à cause l’accroissement du coût des soins qui augmentent avec l’age.
Population active
L’inévitable diminution de la population active devraient inciter les entreprises à tirer parti de connaissances et technologies nouvelles, notamment dans l’automatisation mécanique ou numérique et dans l’organisation du travail, afin assurer la production des biens et services avec une productivité suffisante. Cela dit, gardons à l’esprit que tous les métiers ne sont pas « robotisables » et que l’« intelligence » artificielle (IA) n’est pas une panacée universelle
Il ne serait donc pas inutile de réviser et élargir les condition d’accès à l’apprentissage et à la reconversion tout au long de la vie, soutenir la main-d’œuvre multigénérationnelle et créer des possibilités de prolonger la vie active pour ceux qui peuvent et veulent continuer à travailler à plein temps ou dans un (des) dispositif(s) emploi-retraite acceptés par les partenaires sociaux.
En complément de ces mesures, l’immigration peut être un atout plutôt qu’un problème (comme on l’a vu au Canada et dans plusieurs pays de l’Union Européenne) à condition que l’intégration des migrants en soit le fil conducteur.
Le grand age : un défi à moyen terme
Le vieillissement de la population va se traduire par un augmentation du nombre de français de 75 à 84 ans qui seront 6,1 millions en 2030. Dans la décennie suivante le nombre d’habitants de plus de 85 ans augmentera de 50 %. Ce « tsunami » démographique va se traduire par d’importants besoins en logement adapté (60.000 places en EPHAD, 215.000 places en hébergement alternatif) ainsi qu’en en service à la personne (400.000 emplois).
En conclusion
L’évolution de la population française jusqu’en 2040 résultera majoritairement de croissance passée et des données démographiques actuelles. A plus long terme des variations de l’indice de fécondité comme du solde migratoire peuvent atténuer ou accentuer la tendance la baisse du nombre d’habitants. Quoi qu’il en soit les effets sociaux, économiques et financiers de l’inéluctable vieillissement de la population comme plus que probable la baisse du nombre d’actifs doivent être anticipés sans délais avec pragmatisme et sans préjugés idéologiques.
Références
La population de la France va-t-elle diminuer ? – Gilles Pison et Laurent Toulemon – Population & Sociétés N° 631 (mars 2025)
Bilan démographique 2024 – Hélène Thélot – INSEE Première N° 2033 (janvier 2025)
Le grand vieillissement – Maxime Sbaihi – Éditions de l’Observatoire (2024)
Vieillissement de la société française : Réalité et conséquences – Haut-commissariat au Plan (février 2023)
Cet article a été republié le 10/04/25 sur le site “Educavox” : https://www.educavox.fr/accueil/breves/la-france-fait-moins-d-enfants-sa-population-va-t-elle-diminuer
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Très intéressant et un peu idéaliste sur ce point : “Il ne serait donc pas inutile de réviser et élargir les condition d’accès à l’apprentissage et à la reconversion tout au long de la vie, soutenir la main-d’œuvre multigénérationnelle et créer des possibilités de prolonger la vie active pour ceux qui peuvent et veulent continuer à travailler à plein temps ou dans un (des) dispositif(s) emploi-retraite acceptés par les partenaires sociaux.”
Il me semble que l’évolution sociétale va à contre courant et personnellement, je suis plutôt favorable à un changement de paradigme de nos activités afin de préserver les écosystèmes et de protéger les êtres vivants qu’ils abritent.
No worry, nous ne dirigeons pas du tout vers ces pratiques, seront surement favorisées les technologies nouvelles et l’IA qui aggraveront la situation. 🤑🤕🤒
Bonne journée.
Les mesures proposées pour la population active sont déjà mises en place dans plusieurs pays de l’UE (Allemagne, Suède,…). Elles sont aussi recommandées dans le rapport «World Population Prospects 2024» publié par l’ONU en juillet 2024.
Etonnant de voir que vous n’ayez pas développé les “facteurs multi-factoriels” que vous mentionnez.
Ayant quelques années de recul et bien que je ne sois pas sociologue, j’ai pu constaté que la première baisse significative date des mesures de Mr François Hollande qui en différenciant les aides familiales selon les revenus a rompu avec le système jusqu’alors en vigueur qui calculait les aides juste par rapport aux nombres d’enfant.
C’est la classe moyenne, la grande oubliée qui a mis un stop.
Ensuite sous Mr Macron, les promesses non tenues, les crises provoquées, les mensonges répétés, l’utilisation de la guerre pour se maintenir en Poste ou revenir sur le devant de la scène malgré une politique ruineuse et antisociale. Tout cela a mis en insécurité les Français sans apporter le moindre espoir.
Je pense personnellement que c’est la médiocrité de ces petits politiciens qui ont ruiné et la France et l’Espoir conduisant a ce replis sur soi et cette baisse de natalité en conséquence.
Et ce n’est la petite tragédie de notre Nicolas le Bracelet qui peut nous réconcilier avec ces clowns.
La démographie ne fait pas de politique. En revanche les politiques négligent (voire ignorent) la démographie depuis trop longtemps.
Merci pour cet article. 2 commentaires : pourquoi pas inclure des informations concernant l’infertilité qui augmente. Il y a certainement des tests de fertilité à faire plus tôt. Et d’autre part, la génération du babyboom s’arrête en 1964 et non pas 1974.
1/ La principale cause de la baisse de la fertilité est l’age des parents et son effet, relatif, est du à ce qu’ils procréent de plus en plus tard (c/f augmentation de l’age du premier accouchement)
2/ En France l’Institut National des Études Démographiques fixe la fin du baby-boom à 1974. Ce phénomène s’est achevé plus tôt dans certains pays développés (Etats-Unis, Canada, Corée du Sud, …)
Sujet délicat et important. Je pense, dans les causes multifactorielles évoquées de la tendance baissière, que le climat GÉOPOLITIQUE international (conflits en cours…) est beaucoup plus préoccupant, pour la majorité des couples français, que les aspects écologiques…même si c’est un vrai problème.
Le vieillissement de la population touche tous les pays…mais il revêt un aspect particulier (dans les pays occidentaux…et non dictatoriaux qui s’en fichent) pour accompagner cette augmentation : problème des retraites (âge de départ, montant, services publics liés au grand âge [maisons de retraites, soins à domicile…], services privés pour ceux qui ont beaucoup d’argent…). En conclusion, il est nécessaire d’avoir une bonne politique familiale, et un bon système de retraite pour les générations futures (répartition essentiellement, pourquoi pas un peu de capitalisation…).
Sujet délicat et important. Je pense, dans les causes multifactorielles évoquées de la tendance baissière, que le climat GÉOPOLITIQUE international (conflits en cours…) est beaucoup plus préoccupant, pour la majorité des couples français, que les aspects écologiques…même si c’est un vrai problème.
Le vieillissement de la population touche tous les pays…mais il revêt un aspect particulier (dans les pays occidentaux…et non dictatoriaux qui s’en fichent) pour accompagner cette augmentation : problème des retraites (âge de départ, montant, services publics liés au grand âge [maisons de retraites, soins à domicile…], services privés pour ceux qui ont beaucoup d’argent…). En conclusion, il est nécessaire d’avoir une bonne politique familiale, et un bon système de retraite pour les générations futures (répartition essentiellement, pourquoi pas un peu de capitalisation…).
O envelhecimento que sempre foi um objetivo, só será bom se tivermos jovens em plena atividade. O custo da idade sobre uma população é drástico para os governos se não tiverem a força de trabalho que necessitam.
No modelo atual de desenvolvimento (numa análise mais adequada: de crescimento econômico, que não é desenvolvimento e nunca foi), o que vemos é apenas o interesse individual de prazer, porém esse prazer, é por objetos de consumo e não pela vida. Estamos sendo educados para um imediatismo inconsequente, pior ainda, com restrições sobre a migração e a miscigenação entre os povos, o que eleva a diferença e divisão em classes.
As crianças fazem falta e ainda não podem ser substituídas por robôs!
Boa postagem @Xavier DROUET, os números impressionam e a médio prazo deprimem!