Il aura fallu la crise sanitaire Covid 19 et ses confinements pour révéler l’utilité des technologies numériques dans l’enseignement, pour assurer les cours à distance d’abord, puis pour renforcer les méthodes de transmission des connaissances utilisées jusque là. Au delà des considérations pédagogiques, la fracture numérique mise en évidence chez les apprenants comme chez les formateurs, a relancé un débat de fond et accéléré l’ évolution du rapport de l’« école » au numérique qui impacte déjà les pratiques en France et ailleurs dans le monde.
De la calculette à ChatGPT …
…50 ans de (lente et chaotique) mutation qui résulte autant des initiatives publiques que de l’évolution des usages tirée par le développement du marché des technologies de l’information et de l’éducation (TIC).
Transition lente, demandez le(s) programme(s) !
C’est en 1971 que les machines à calculer sont évoquées pour la première fois dans les programmes scolaires et après moult débats elles seront formellement autorisées aux examens organisés par le ministère de l’Éducation Nationale en 1980. Il faudra attendre 1995 pour que les calculatrices soient autorisées CE2 et 2002 pour qu’elles le soient en CP.
Dès le début des années 1980 l’informatique s’invite au domicile des particuliers grâce à la démocratisation des ordinateurs personnels et la popularité du langage de programmation BASIC. Le plan « informatique pour tous » lancé par le gouvernement français en 1985 avait pour ambition d’initier les 11 millions d’élèves du pays à l’ outil informatique (et de soutenir de soutenir l’industrie nationale) avec un budget de 1,8 milliard de francs (dont 1,5 milliard pour le matériel). A cause de choix techniques malheureux et de l’insuffisante de formation des enseignants le plan échoue et il est abandonné en 1989.
En 1994 les premiers fournisseurs d’accès à Internet offrent leurs services en France et dès 1995 quelques écoles prennent l’initiative d’une connexion. Après des débuts laborieux dus au prix des connexions ce nouveau moyen de communication est adopté par un nombre croissant foyers français.
En 1997 un plan de 3 ans pour les « nouvelles technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement » est lancé afin d’équiper et de connecter de tous les établissements de l’enseignement public, de la maternelle à l’université. A son terme les lycées étaient pourvus, mais bon nombre de collèges et surtout d’écoles devaient encore attendre.
De 2002 à 2005, une expérimentation intitulée « espace numérique des savoirs », basée sur le principe d’une plate-forme d’accès unique à un ensemble de ressources pédagogiques, est conduite avec des établissements scolaires volontaires et donne des résultats mitigés.
En 2007 le Web 2.0 s’impose sur la toile par sa capacité à faciliter l’interaction entre utilisateurs et parallèlement les écrans tactiles apparaissent sur les équipement fixes et mobiles. Le tableau blanc interactifs (TBI) et les espaces numériques de travail (ENT) font leur entrée dans les établissement scolaires, leur diffusion est progressive et l’appropriation inégale comparée à d’autre pays comme Royaume Uni, le Québec, les Pays-Bas, les Etats-Unis…
En 2009 le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) a évalué la lecture électronique chez les élèves de 15 ans : les jeunes Français ont obtenu des scores inférieurs à ceux de la moyenne de l’OCDE. En 2010 le rapport parlementaire sur la modernisation de l’école par le numérique note que la France a un retard d’équipement par rapport à d’autres pays européens.
D’autres plans seront mis en œuvre, pour «le développement des usages numériques à l’école » (2010), puis « la grande école du numérique » pour équiper les collégiens de tablettes ou d’ordinateurs portables (2015) dont l’impact sera sévèrement remis en cause en 2019 à cause de son faible impact sur les pratiques pédagogiques et son incapacité à réduire les inégalités d’équipement entre les établissement.
En 2019, une étude menée dans l’Union Européenne montre que le taux d’équipement informatique à l’école en France est inégal : mesuré en nombre d’élèves par ordinateur cet indicateur est de 7 dans les écoles primaire (plus faible que dans la moyenne de l’UE) , il passe à 3 dans les collèges et 2,3 dans les lycées. Par ailleurs la France obtient un score moyen de 499 en littératie numérique (capacité d’un individu à utiliser un ordinateur pour rechercher, créer et communiquer), juste un peu au-dessus de la moyenne internationale des pays participant à l’enquête en notant cependant que seuls 40 % des élèves français atteignent ou dépassent ce niveau.
Confinement COVID et nouvelle stratégie
Au printemps 2020 la fermeture des établissement démontre l’utilité e l’enseignement à distance pour assurer la continuité pédagogique et révèle la pertinence des outils numériques au-delà de ce contexte particulier. Les pouvoirs publics créent un espace « Ma classe à la maison » sur le site du gouvernement et mobilisent le réseau Canopé (Réseau de création et d’accompagnement pédagogiques) pour accompagner les enseignants dans l’appropriation des outils et environnement numériques. La chaîne de télévision publique France4 modifie sa programmation pour diffuser des séquences éducatives destinées au élève de l’école primaire au lycée.
Suite aux États généraux du numérique pour l’éducation (2021) et à une large concertation concertation menée pendant l’année 2022, la stratégie pour l’éducation 2023-2027 est publiée en janvier 2023. Elle donne la priorité à la coopération entre tous les acteurs de l’éducation, publics et privés, au développement des compétences numériques des élèves (techniques et usages), au développement de l’offre de ressources pour les enseignants et à l’accroissement du service rendu par/avec les outils informatiques du Ministère de l’Éducation Nationale .
En 2023 le battage médiatique autour de ChatGPT et des autres Intelligences artificielle (IA) génératives séduit les jeunes qui les adoptent rapidement et fait débat dans les « salles des profs » autour de la question de l’utilisation ou non de. l’IA à l’école.
A la différence d’autres secteurs (banque, tourisme, commerce, mobilité ) l’appropriation du numérique a été lente au cours des trente dernières années. Cela tient autant à l’attachement d’une partie du corps enseignant aux méthodes traditionnelles qu’à la la difficile mise en œuvre de politiques publiques par un processus trop souvent vertical descendant et une organisation administrative complexe, qui a trop longtemps priorisé les équipements au détriment les formation des professeurs.
(R)évolution numérique à l’école : outils et usages
Les ressources ne manquent pas
Bien que qu’ils soient inégalement répartis, de nombreux équipement numériques sont à la disposition des enseignants et des élèves : ordinateur ou tablette, TBI, logiciels ou/et applications embarqués (bureautique, calcul, etc.), imprimantes 3D (en sections Technologie) et plus anecdotiquement casques de réalité virtuelle (physique chimie, géographie, sciences sociales…) . L’offre de plateformes d’apprentissage et de formation à distance,de didacticiels, de pages ou comptes dédiés sur des réseaux sociaux est substantielle.
Outre le « tout-venant » accessible sur le web (texte, image, vidéos), où l’on peut trouver le meilleur comme le pire, de nombreux contenus utilisables par les enseignants et les élèves existent dans des bibliothèques numériques à partir desquelles on peut télécharger des livres (ou des livre audio) qu’on peut lire (ou écouter) ensuite sur son ordinateur, sa tablette, etc … sur des sites généralistes ou thématiques où l’on trouve de la musique, des œuvres d’art, des documentaires, des films, des podcasts éducatifs,etc…
Les catalogues des sociétés de l’EdTech ne cessent de s’étoffer, qu’il s’agisse de supports de cours, de plateformes de classe virtuelle, de travail collaboratif, de soutien scolaire, d’orientation, d’aide à la lecture et l’écriture, de prévention des risques liés à internet, ainsi que des modules pédagogiques pour les enseignants, des outils de communication avec les familles, des solutions d’examens à distance pour les établissements.
Diversité des pratiques
Apprentissage/formation des élèves Le numérique à l’école est intégré dans le socle commun de compétences et dans les programmes de l’école, du collège et du lycée : éducation aux médias et à l’information au collège, enseignement de l’informatique (codage, algorithmique) à partir du collège au collège (une sensibilisation au code peut être proposée à l’école primaire) et cours de sciences numériques au lycée. Les compétences sont évaluées en 3e et en Terminale.
Professeurs Les enseignants sont très nombreux à utiliser les outils numériques pour préparer leurs cours, pour actualiser leurs connaissances et pour échanger et collaborer entre pairs (95% pour le premier degré et 90% pour le second degré). Ils sont moins enclins à les utiliser pour guider ou illustrer leurs cours en classe (respectivement, 50 % et 70 %) et une minorité d’entre eux laissent les élèves utiliser les TIC pour des projets ou travaux en classe (respectivement, 14% et 36%).
En classe, l’usage pédagogique principal du numérique est l’enrichissement d’une pratique classique (exposé, exercices, travaux pratiques) par l’exploitation de ressources numériques préalablement sélectionnées pour faciliter la compréhension du cours, par exemple en projetant une ou plusieurs séquences vidéo en rapport avec le sujet traité.
Bien qu’il ne soit pas généralisé, l’usage régulier du numérique hors la classe est en augmentation dans le cycle secondaire notamment depuis la le confinement de 2020. Il s’applique autant aux tâches d’apprentissage en amont du cours qu’a la poursuite ou l’approfondissement à la maison du travail tâches initiées en classe. Les supports les plus couramment employés sont des quizz, des podcasts ou des vidéos, disponibles « sur étagère » ou préparés par l’enseignant. Ils permettent de présenter le contexte du sujet traité et de stimuler la curiosité (par des anecdotes historiques par exemple). On note également une progression de la mise en ligne des cours et de l’utilisation du numérique pour du travail collectif ou collaboratif
Si les échanges du professeur vers ses élèves se font de plus en plus via les ENT on note une forte augmentation de l’utilisation d’autres média : blogs, réseaux sociaux comme Facebook, YouTube ou TikTok, chats et messageries instantanées qui ont été adopté par près de 30 % des enseignants.
École et numérique : pédagogie au service de tous
Quelles applications, pour quoi faire ?
Bien que a tentation de remplacer l’enseignement traditionnel a effleuré quelques esprits, il apparaît rapidement que que le « tout numérique à l’école » n’a pas d’avenir comme on a pu l’observer au terme d’un enseignement exclusivement distanciel lors du confinement de 2020 qui a démontré quela relation interpersonnelle « face à face » a l’évidente utilité d’incarner l’humanité des relations prof-élève (et réciproquement). Cela dit les solutions numérique constituent un complément très utiles de l’enseignement « traditionnel » car elles peuvent souvent faciliter et améliorer transmission des savoirs et le partage des connaissances en classe et hors la classe,
Plutôt que de faire un inventaire fastidieux des avantages et inconvénients je prendrai les deux observations suivantes qui se rapportent à l’usage de simples ordinateurs, d’une part et à un média audio.
- De nombreuses études ont monté qu’ on lit moins bien un texte sur écran que sur un support papier et que la prise de notes n’est pas meilleure au clavier que par écriture cursive. En revanche les outils numériques sont pertinents pour l’apprentissage de la rédaction d’un texte seul ou en travail collectif.
- La création et l’animation d’une émission de Web radio scolaire est outil pédagogique multidisciplinaire : 1/ Pour parler devant un micro il faut d’abord écrire pour exprimer clairement ce que l’on veut dire sur des sujets variés 2/ C’est un travail collectif où le l’altérité s’impose tant pour préparer l’émission que pour gagner le respect des auditeurs 3/ Cela engage la responsabilité à travers la production d’un média d’information : diffusion d’informations exactes et pertinentes dans une « expérimentation » de la liberté d’expression articulée à un apprentissage de la citoyenneté
Dans le primaire comme dans le secondaire, utilisé à bon escient, le numérique à l’école est avantageux pour l’élève et pour l’enseignant par le décloisonnement et l’extension de la sphère éducative.
Réduction des fractures
Chez les élèves
La banalisation du numérique dans la vie de tous les jours ne doit pas occulter les inégalité d’accès et d’appropriation dans le domaine des TIC (en 2023, d’après l’INSEE plus de 5 % des Français ne dispose pas d’un ordinateur et l’illectronisme touche 15 % de la population).
Par ailleurs derrière le mythe les enfants ou adolescents « digital natives » élevés au milieu d’écrans de toute taille et d’Internet, il y a essentiellement de jeunes consommateurs de services numériques sans en connaître leur logique ou/et comprendre leur fonctionnement, d’autant que de nombreux parents sont eux aussi désarmés devant la « boite noire » de l’informatique.
Plus prosaïquement des élèves peuvent être limités pour suivre des enseignements à distance si l’ordinateur du foyer doit être partagé avec les autres membres de la famille, si la connexion internet n’est pas bonne, etc.
On voit ici que l’éducation au numérique dès l’école élémentaire est incontournable et que la mise à disposition de terminaux mobiles est utile pour ceux qui en sont démunis. Enfin, le numérique à l’école permet d’associer les parents dans approche co-éducative et de moduler la manière d’enseigner grâce à des pédagogies différenciées qui sont adaptées à la diversité des rythmes d’apprentissage des élèves, avec du blended-learning (apprentissage hybride), des classes inversées, par exemple. Last but not least les canaux numérique peuvent être utilisés par l’enseignant garder le lien avec des élèves en difficulté afin d’éviter qu’ils décrochent.
Chez les enseignants
Le confinement de 2020 a également révélé des inégalités de pratiques numériques des enseignants liée à la diversités de leur parcours de formation et à leur appétence pour les TIC. Publié en juillet 2023 un rapport de l’Unesco sur l’usage des nouvelles technologies à l’école dans le monde pointait que 50 % des enseignants français sont formés aux technologies numériques à des fins éducatives.
Cela montre que la formation numérique, dans toutes ses composantes : technique et pédagogique, est aujourd’hui indispensable pour assurer un enseignement homogène et cohérent d’un professeur à l’autre, d’un établissement à l’autre etc.. .
A noter aussi que l’on ne s’improvise pas communiquant numérique sans et familiarisation avec les méthodes et les « codes » acceptable par un public jeune, qu’il n’est pas possible d’enseigner à distance sans une une formation d’ingénierie qui associe tous les éléments qui concourent à l’efficience de cette démarche.
Outre les formations proposées par le Ministère et les solutions offertes par les entreprises EdTech, la communication entre collègues est très utile. Cette « formation entre pairs » permet le transfert de pratiques, de résultats d’utilisation de telle ou telle ressource et de partager les support pédagogiques numériques libre de droits.
Ailleurs dans le monde
Entre deux modèles extrêmes : coercition et surveillance en Chine versus marchandisation de la vie privée aux États-Unis, on peut observer une grande disparité de déploiement du numérique à l’école selon les pays pour des raisons politiques, culturelles, économiques etc. Deux situations particulières méritent notre attention :
-en Suède où les enfants sont exposés aux écrans dès l’école maternelle des neuro-scientifiques ont observé qu’une partie des élèves apprennent moins bien avec des média numériques. En mai 2023 le gouvernement a annoncé le retour des manuels scolaires qui avaient été délaissés depuis 15 ans au profit des ordinateurs et des tablettes ;
-le Cameroun a déployé une organisation d’enseignement à distance (programme Imaginécole) pour assurer continuité pédagogique . Compte d tenu de sa géographie et du faible nombre d’équipements informatiques, la diffusion des enseignement se fait par radio via des e-club d’écoute qui se réunissent dans bâtiments publics ou communautaire (car toutes les familles n’ont pas un poste récepteur). Ce dispositif très utile pendant la pandémie Covid est toujours utilisé pour permettre aux enfants d’étudier dans le contexte de guerre civile qui dure depuis 6 ans et qui oblige les enfants à se cacher pour apprendre par la voie des des ondes.
Pour conclure
La puissance « opérationnelle » des TIC, qui a fait ses preuves dans de nombreuses applications économiques et sociales, est aussi utilisable à l’école où ses bénéfices sont conditionnés par l’impérieuse nécessité de former tous les acteurs : enseignants, enfants et parents afin de prévenir les usages contre-productifs, les pièges consuméristes, le pillage de donnée et l’atteinte aux libertés. Le numérique pourra alors s’inscrire dans l’histoire de l’éducation en se mettant au service d’un apprentissage par une définition nouvelle de l’espace temps pédagogique.
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Cet article a été publié à la Une du site Educavox le 26/08/2023 : https://www.educavox.fr/alaune/les-dessous-de-la-transition-numerique-a-l-ecole
La fascination pour le numérique est ancienne, comme vous le soulignez, avec des choix peu pertinents comme le TO7, le Minitel ou les réseaux analogiques. La formation des maîtres n’a cessé de se réduire, et l’équipement des établissements de se limiter à quelques classes. Quant à l’apprentissage de base, tous les indicateurs montrent qu’il tend à régresser, et accroît les inégalités, ce qu’accentue encore le numérique. Suivre des cours en Zoom ou équivalent demande une attention soutenue, ce qui n’est pas facile à domicile, tandis que le zappage et le copiage sont de plus en plus pratiqués, c’est bien pourquoi les enseignants sont très inquiets devant l’arrivée des outils d’IA générative… Comprendre n’est pas compulser des documents, ni pratiquer une langue utiliser un correcteur grammatical et orthographique, ou laisser Google traduire sans tenter de relire!
Les remarques sur le choix peu pertinent du TO7 et sur l’échec du plan IPT sont le plus souvent basées sur une méconnaissance profonde de la situation informatique, politique et sur un constat erroné des résultats de cette opération et des raisons de son échec relatif. Le choix du TO7 face à l’Apple était tout simplement la solution raisonnable pour permettre au plus grand nombres d’élèves d’accéder à un micro et à jouer avec le BASIC tout en bénéficiant de la plus large librairie de logiciels éducatifs (VIFI Nathan et autres) . La nano réseau permettait de contrôler plusieurs ordinateurs dans la classe pour un budget par classe qui aurait été multiplié 4 ou 5 si le choix s’était porté sur le Mac comme le souhaitait JJSS soutenu par un incroyable lobbying mené Jean-Luc Michel conseiller technique du SNI (syndicat national des instituteurs) . Il avait ses entrées et un poids important au ministère. Il ne faut sans doute pas chercher très loin le peu d’enthousiasme des professeurs et instituteurs pour le produit et les formations nécessaires. Malgré tout cela, vu des yeux des écoliers qui ont pu en bénéficier du TO7, du MO6 NR … , c’est une parfaite réussite qui a suscité de nombreuses vocations dans le domaine informatique. Je suis donc en faveur de la recherche d’outils permettant aux générations de bénéficier d’un tremplin similaire pour aborder l’IA ou encore la robotique auxquels ils vont être confrontés dans les années qui viennent.
Je suis de la génération qui a découvert l’informatique… j’ai eu le premier fax de Toulouse, il m’a fallu acheter le second pour mon imprimeur pour que ça me serve à quelque chose… à la même époque j’avais un ordinateur à cassette pour faire les envoies du journal à nos abonnés, le premier à Toulouse ! J’ai connu les ordis a double disques amovibles à chaud… de 30 Mo pièce ! Une révolution. Et aujourd’hui, comme tout le monde, je vis avec ces trucs tout autour de moi. Mais je suis de la dernière génération qui a dessiné une maison à la main sur calque, fait de la pub avec des Rotring sur film, monté des magazines à la main sur papier cartonné blanc à flasher pour faire les plaques Offset d’impression… et qui ai calé les bécanes d’imprimerie et réglé les encriers…
Et avant, il y eu la “règle à calcul”, qui obligeait l’élève à estimer, de tête ou sur un papier de brouillon, l’ordre de grandeur; ce que ne fait pas la calculette. La métrologie est rarement voire jamais enseignée. Or il faut bien à un moment ou à un autre faire des mesures et les interpréter.
ChatGPT pourra être in outil formidable pour apprendre à dépasser la banalité, sachant que comme tout système itératif, il peut conduire à des hallucinations ! Voir https://www.beaubiophilo.com/2023/04/historique-des-hallucinations-dans-l-ia.html
A propos de ChatGPT vous pouvez lire aussi ” ChatGPT révolution technologique ou illusion marketing – https://hommesetsciences.fr/chatgpt-revolution-technologique-ou-illusion-marketing/
Attention à ce serpent de mer : “les enseignants doivent être formés”.
Si on écoute tout ce qui se raconte, syndicats en tête, ils devraient se former sur des centaines de sujets à longueur d’année. Formation au numérique, à la laïcité, au numérique, à la violence, à la psychologie… avec, en plus, les bien-pensants qui s’offusquent quand une formation prend des heures de cours.
La vérité, c’est que la formation se fait en partie avec l’usage, en partie par l’arrivée de nouvelles générations qui remplacent les anciennes parties en retraite.
Contrairement à la légende qui prétend que les profs passent leur temps e formation une très sérieuse enquête menée il y a quelques mois montré que les enseignants se forment seuls et sur leur temps libre : https://ecolhuma.fr/2023/06/06/barometre-formation-continue-des-enseignants-usages-et-besoins/
C’est complètement vrai, les enseignants savent tout et n’ont besoins de rien sinon de plus de vacances et de moins d’élèves :-).
Très intéressant comme article qui souligne bien l’importance de préparer tous les acteurs impliqués dans l’éducation, incluant les enseignants, les enfants et les parents, afin de permettre une utilisation productive des technologies de l’information et de la communication (TIC) à l’école. Bien que les TIC soient devenues une force opérationnelle dans diverses applications économiques et sociales, leur utilisation à l’école doit être encadrée pour éviter les risques de pièges consuméristes, de pillage de données et d’atteinte aux libertés. Le numérique peut devenir un outil précieux dans l’apprentissage, à condition que les usagers soient correctement formés et qu’une nouvelle définition de l’espace-temps pédagogique soit mise en place. Merci
L’article aborde de manière détaillée l’intégration progressive des technologies numériques dans l’éducation. Cependant, il ne semble pas mettre suffisamment en évidence l’adaptation individualisée des élèves à travers des technologies avancées comme GPT. À l’heure où la personnalisation de l’apprentissage devient de plus en plus possible grâce à ces outils, il serait intéressant d’explorer comment cette avancée pourrait façonner l’avenir de l’éducation en répondant aux besoins spécifiques de chaque apprenant.
ChatGPT est mentionné à la fin la première partie de l’article pour ce que l’on peut en dire factuellement à ce jour : “En 2023 le battage médiatique autour de ChatGPT et des autres Intelligences artificielle (IA) génératives séduit les jeunes qui les adoptent rapidement et fait débat dans les « salles des profs » autour de la question de l’utilisation ou non de. l’IA à l’école.”
Au sujet de cette IA générative vous pouvez lire aussi le § “Défi pour le monde de l’enseignement” de mon article “ChatGPT révolution technologique ou illusion marketing” https://hommesetsciences.fr/chatgpt-revolution-technologique-ou-illusion-marketing/
Retour d’expérience, en France. J’ai vu le numérique arriver de façon massive dans les foyers par les deux côtés. Du côté parent d’élève et du côté prof (mon épouse est prof). Arrivée de manuels numérique et d’applications en tout genre. Le bilan est vraiment catastrophique.
Côté élèves et parents, plus de manuels papier, total on ne peut travailler sans tablette, quand les manuels numériques fonctionnent (et la tablette aussi). Une année ça n’a pas fonctionné pour mon fils, et personne n’a pu dépanner. Pas de solution de rechange. Un an sans manuel. Bon au final c’était pas si grave car les profs n’utilisent pas les manuels numériques (cf infra) mais c’est quand même utile d’avoir un manuel pour revoir une notion mal comprise. Compulser un manuel sur une tablette ce n’est pas pareil mais ça a été dit. Ensuite il n’y a pas de contrôle des usages, même en cours. beaucoup font autre chose. comme regarder le foot (coupe du monde, c’est du vécu…). Avec la multiplication des outils en ligne on ne sait plus où trouver l’information des devoirs, documents, et communications officielles des établissements (atrium, pronote, etc. ). les établissements rajoutent une nouvelle adresse email à celles déjà existantes, adresse qu’on ne peut relever par un mailer et qu’il faut visiter par le portail web périodiquement. Quelle galère !
Côté profs, là c’est le pompon. C’est quand même le seul métier où l’on doit financer son outil de travail. L’administration, n’équipe pas ses employés profs en matériel informatique (du moins jusque dans le secondaire, dans le supérieur les universités et écoles financent). Qui dans n’importe quel métier accepterait de financer son outil de travail sur ses deniers personnels ?? La fin des copies physiques du Bac avec des scans non vérifiés, illisibles, avec des copies dans le désordre, à l’envers ou des pages manquantes, qu’il faut corriger sur un écran (non financé par l’employeur encore une fois) c’est un grand moment de rigolade chaque année, je vous l’assure. Je ne parle même pas de l’abonnement internet, non financé lui aussi et qui a surchauffé pendant le covid. Pour finir on met dans les pattes des profs des nouveaux outils sans formation, ou alors avec une formation faite par des gens qui n’ont pas la compétence pour le faire (des collègues en général, qui se sont formés sur le tas). D’un point de vue opérationnel, lorsqu’un prof tente de faire utiliser les tablettes par les élèves, combien arrivent avec des tablettes déchargées, et évidemment des salles de classe qui n’ont pas été prévues pour brancher sur le secteur ne serait-ce que quelques tablettes. Enfin les connexions internet des lycées, maintenues par personne car le personnel c’est cher (surtout les informaticiens) et donc qui sont souvent dysfonctionnantes ou saturées car une connexion wifi de plusieurs centaines d’élèves tous les jours ça ne s’improvise pas. Bref, du bricolage du sol au plafond, heureusement que les profs ont encore un peu de conscience professionnelle pour tenir tout ceci à bout de bras, sans quoi tout serait déjà par terre.
Enfin du point de vue écologique et social tout ceci est une hérésie. Les tablettes distribuées gracieusement aux élèves, mais financées par nos impôts et fabriquées en chine à grands coups de CO2 et métaux rares, dorment dans les tiroirs pendant plusieurs années devant ces nombreuses difficultés d’utilisation (une tablette pour mon fils, une pour ma fille, aucune utilisée). Et pour contourner tous ces problèmes, les profs photocopient des manuels papier qu’ils distribuent en début de cours, puisque les élèves n’ont plus de manuel papier… Double gâchis !!
Alors trop de numérique tue le numérique. Mais on continue tête dans le guidon sans aucune évaluation ni bilan. Et surtout si on veut rendre le numérique vraiment utile (et il peut l’être, mais pas pour tout), ce n’est pas en improvisant du sol au plafond que ça peut marcher.
Cdlt
Article intéressant, dommage que les sources ne soient pas citées.
Les principales sources sont mentionnées dans le texte (Ministère de l’Education Nationale, INSEE, PISA, UE,OCDE, UNESCO…).