Alimentation : quelle place pour les produits d’origine animale ?

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La malnutrition est une préoccupation mondiale majeure par ses impacts sanitaires, économiques et sociaux. : en 2022 plus de 10 % de la population mondiale ne mange pas à sa faim et 3 milliards de nos semblables n’ont pas accès à une alimentation saine. 

Pendant ce temps on relève

  • qu’une personne sur trois souffre d’obésité et de surpoids
  • qu’un quart des enfants de moins de cinq ans présentent un retard de croissance
  • qu’un demi-milliard de femmes sont atteintes d’anémie.

Associés à des produits végétaux, les aliments d’origine animale apportent de nombreux nutriments et contribuent à une alimentation saine par leur apport en protéines, en vitamines et en sels minéraux. De plus l’élevage est une ressource utile dans les régions qui ne sont pas adaptées, voire impropres aux cultures végétales (céréales, fruits, légumes).

Il y a donc un véritable défi pour les systèmes agro-alimentaires qui doivent à la fois apporter une alimentation équilibrée pour prévenir la sous-nutrition et les carences (notamment chez les personnes les plus vulnérables) et relever des défis environnementaux tels que l’émission de gaz à effet de serre, l’affectation des terres et la déforestation.

Composition des aliments d’origine animale

Outre les protéines contenant des acide aminés essentiels que notre corps ne sait pas fabriquer, les produits d’origine animale sont également source

-de sucres (lactose du lait),

-d’acides gras à longue chaîne qui interviennent, entre autres, dans le développement et le fonctionnement du tissu nerveux,

-de facteurs bio-actifs (carnitine, créatine, taurine..) intervenant dans le bon fonctionnement de différents tissus,

-de nombreux micronutriments comme la Vitamine B12 et le fer indispensable à la régénération cellulaire (en particulier le renouvellement des globules rouges), le calcium indispensable pour la formation et le maintien des os.

Effets sur la santé

Lorsqu’ils font partie d’une alimentation saine et sans excès les produits d’origine animale (lait, viande, œufs) concourent à l’équilibre nutritionnel et la santé physique, métabolique, immunitaire etc. tout au long de la vie. Toutefois leur consommation excessive est cause de maladies chroniques et plusieurs produits peuvent de pas être tolérés chez certains individus (malabsorbtion, allergies).  

Bénéfices

La consommation de lait et de produits laitiers pendant la grossesse impacte (à la hausse) la taille, le poids et le périmètre crânien du nouveau-né.

Chez les nourrissons et les jeunes enfants, les études de l’incidence de la consommation de produits d’origine animale montrent une grande variabilité de résultats due à la diversité des régimes et des conditions de vie. Toutefois il a été établi que la consommation de lait et de produits laitiers chez les enfants et adolescents augmente la taille et réduit la prise de poids excessive, tandis que la consommation de viande améliore la cognition.

Chez les adultes, la consommation de lait et de produits laitiers (en particulier le yaourt) réduit les risques de mortalité en général et plus particulièrement ceux qui sont liés à l’obésité, au diabète de type 2, à l’hypertension, aux accident vasculaires cérébraux, au cancer colorectal, à l’ostéoporose. Consommée en quantité appropriée, la viande protège contre la carence en fer et, plus généralement contre la survenue d’anémies par déficit vitaminique (vitamines B9 et B12).

Bien que la littérature scientifique sont moins riche au sujet de l’alimentation des personnes âgées il apparaît que la consommation des produits animaux, en général, et du lait, en particulier, peut atténuer de nombreuses pathologies notamment la sarcopénie, les fractures et les maladies neuro-dégénératives

Risques

Le lait et les œufs de volaille sont des aliments allergènes pour certaines personnes. Il n’y a pas de traitement curatif donc, outre l’abstinence de consommation de ces produits à l’état brut, la prévention de leur ingestion via des produits transformés passe par la mention explicite de leur présence sur leur emballage.

La malabsorption du lactose est très répandue en Asie et en Afrique. Les formes légères ne posent pas de problème, en revanche les formes sévères se traduisent pas une intolérance dont la symptomatologie mal supportée oblige à exclure de l’alimentation le lait et les produits contenant du lactose.

Au delà d’une consommation de 500 g/semaine, la consommation de viande (notamment la viande rouge) en trop grandes quantités augmente le risque de diabète, de maladies cardio-vasculaires, et de cancer colo-rectal. Au delà d’une consommation de 150 g/semaine la consommation de produits carnés transformés (charcuterie) riches en matières grasse saturées, en sel et en additifs causent des troubles métaboliques pouvant conduire à des pathologies coronariennes et du diabète notamment.

Focus sur les toxi-infections alimentaires

Si les toxi-infections alimentaires causées par des produits animaux contaminés par des bactéries ou des virus ont considérablement diminué dans les pays développés (de l’ordre 1 cas pour 100 habitants), elle n’en représentent pas moins d’un tiers de la morbidité d’origine alimentaire qui touche une personne sur dix dans le monde.

Cette charge sanitaire infectieuse, majoritairement portée par les produits d’origine animale, trouve ses causes dans l’intensification des élevages, le développement de produits transformés, l’allongement des chaînes industrielles et logistiques, et la conservation parfois défaillante chez le consommateur. La résistance aux antimicrobiens, liée aux usages abusifs des antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire est un facteur de risque supplémentaire.

La lutte contre les infections alimentaires passe par la prévention des risques de la ferme à l’assiette que ce soit au stade de l’interface homme/animal dans les élevages, lors des manipulations à toutes les phases du process (traite, collecte ou abattage puis transformation, stockage et transport) et chez le consommateur (préparation, conservation).

Et demain…

Alors que les préoccupations environnementales vont crescendo (dérèglement climatiques, pollutions) la consommation alimentaire de produits animaux fait débat notamment au sujet de son impact sur l’émission de gaz à effets de serre produit par les animaux et par toutes les opérations qui concourent à leur élevage, transformation et transport.

Produits alternatifs

Des substituts de produits laitiers à base de végétaux sont commercialisés depuis plus de deux décennies, les premières productions de « steacks » végétaux ont commencé à la fin des années 2010. Actuellement en France, les ventes de ces produits (en France) présentent moins de 0,1 % des ventes de produits d’origine animale alors que 2,2 % des consommateurs déclarent avoir adopté un régime sans viande (IFOP 2020).

La consommation d’insectes peut apporter des nutriments essentiels. Alors qu’elle fait partie des habitudes alimentaires en Afrique et en Asie, elle rencontre de fortes réticences dans les pays occidentaux. La production en masse de cette ressource alimentaire pour des populations urbaines (57 % des Terriens en 2022) est un défi technique et énergétique qui reste à relever.

Plus futuristes, les premiers « prototypes » de viande de synthèse ont été autorisés en 2020 à Singapour et en 2023 aux États-Unis. Outre les questions de faisabilité industrielle que pose la production à grande échelle de cette viande cellulaire, son empreinte carbone est loin d’être négligeable si l’on prend en compte l’ensemble de son process.

Changement de régimes

En moyenne mondiale, la consommation de viande s’élève 45 kg par an et par personne soit 865 g par semaine c’est à dire 70% de plus que les recommandations de l’OMS. Si l’on segmente ce chiffre global, il apparaît que, en moyenne, la consommation des pays développés atteint 70 kg par an alors qu’elle s’élève à 35 kg an dans les pays en développement parmi lesquels on observe des consommation de moins de 25 kg/an pour des raisons économiques (dans de nombreux pays d’Afrique) ou pour des raisons culturelle culturelle (en Inde).

Si l’alimentation des êtres humains doit répondre à leurs besoins physiologiques et contribuer à leur bonne santé avant tout, on ne peut ignorer qu’elle satisfait aussi des besoins hédoniques, psychologiques, relationnels et symboliques qui s’inscrivent dans le cadre historique et culturel de chaque région du monde. C’est dire combien il est difficile de faire des recommandations précises applicables à tous et combien il est illusoire de chercher à bannir tel ou tel produit (notamment la viande).

Quoi qu’il en soit, il apparaît que plusieurs leviers peuvent actionnés pour que les produits d’origine animale apportent un bénéfice nutritionnels et sanitaires :

-réduire les surconsommations dans les pays développés ainsi que dans les pays en forte croissance où l’émergence galopante de classes moyennes se traduit par une explosion de la consommation de produits animaux en général et de viande en particulier.

-apporter une alimentation suffisante et équilibrée aux populations qui souffrent de sous-alimentation et de malnutrition.

Idéalement, la somme algébrique des actions pour réduire la surconsommation et la sous consommation abouti à une diminution de 40 % de consommation mondiale de produits d’origine animale et à, ipso facto, un effet sur son impact environnemental qui peut encore être abaissé par des pratiques de productions moins émettrices de gaz à effet de serre.

Principales références :

Contribution of terrestrial animal source food to healthy diets for improved nutrition and health outcomes, FAO (2023)

Livestock-derived foods and sustainable healthy diets, UN-Nutrition 2021

Viande et Elevage – INRAE Actualités (2019)

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6 thoughts on “Alimentation : quelle place pour les produits d’origine animale ?”

    1. Qu’il soit pêché en mer ou issu de l’aquaculture le poisson a aussi de précieuse qualités nutritionnelles précieuses notamment pour couvrir nos besoins en acides gras dits « oméga-3 ». Cependant, ils peuvent accumuler des contaminants chimiques en filtrant de l’eau polluée ou en se nourrissant d’autres poissons ou d’aliments apportés aux élevages, ce qui justifie leur consommation avec mesure.

  1. A matéria é interessante, pode levar a tantas diferentes discussões, prefiro de imediato, afirmar que a fome não ocorre por falta de alimentos, seja animal (terrestres ou aquáticos), ou vegetal, a fome é uma questão política. Como o artigo afirma, vivemos em um mundo de obesos e famintos, um deles está numa posição de optar pelo excesso, no entanto a outra parte não tem opção. As massas não estão preocupadas com a segurança alimentar, isso é assunto acadêmico. A alimentação não é apenas um ato biológico, é algo cultural e que envolve um grande número de julgamentos, de opções, da criatividade e do imaginário. Além disso, sabemos que a partir de um determinado momento na história da sociedade humana, guardar o alimento para o outro dia foi um grande progresso, foi importante. Com o tempo muitas etapas foram adicionadas à necessidade de simplesmente se alimentar. Até o ponto em que não precisamos caçar, coletar ou até mesmo produzir. Desde então a troca de alguma coisa por um alimento é aperfeiçoada e o salto para a grande indústria alimentícia, foi rápido. Passamos então, apenas a trocar algo pela alimentação, por exemplo, dinheiro por alimento. Com esse dinheiro, podemos comprar o plantio, o trabalho, o processamento, estocagem, transporte e o alimento final, tudo de uma só vez, às vezes sem esforço algum. Mas também compramos o prazer, e quando se trata de prazer, a discussão é bem diferente, é agressiva, é individual… Cada pessoa trata essa possibilidade de uma forma diferente, além do “efeito manada” em que uma multidão se alimenta de algo sem ter explicação para isso, apenas o fazem, cegos e conduzidos. É lógico que não precisamos de alimentos da forma como estão disponíveis hoje, mas optamos por tê-los dessa forma! Uns sentem prazer usando proteína animal, outros vegetal, outros as duas… Mas todos (falando de quem tem o que comer), se preocupam muito com o prazer, e como já escrevi: envolve a cultura, a transmissão de hábitos por gerações, o individualismo e por aí vai… A ciência conseguiu comprovar que insetos têm mais proteínas saudáveis do que a carne animal, 40 a 60%. Também é sabido que uma fazenda de criação de insetos para alimentar centenas de pessoas cabe em um pequeno espaço, digamos ¼ de um campo de futebol. Não polui, usa pouquíssima água, quase nada de energia, inclusive na sua manipulação desde a criação até o produto final. Ocorre que as pessoas preferem um bife ou um brócolis a 10 gramas de grilos, que teria mais efeitos benéficos na alimentação e para o meio ambiente. Então, essa discussão sobre este ou aquele alimento é incompleta. Tenho certeza que as grandes plantações, agricultura extensiva, de centenas de hectares de uma única espécie, são um crime para a biodiversidade, além do mais, usam tantos produtos químicos que o ar, o solo e a água superficial ou, o lençol freático ficam contaminados. Os criadores de animais para alimentação humana, no Brasil, por exemplo, destroem o solo, transformando-o em pastos a partir do desmatamento, como no bioma Cerrado, e Florestas Úmidas, no Amazonas ou no bioma Pantanal… Depois de algum tempo, o solo não serve para mais nada, muitas vezes é impossível recuperar os campos, eles são abandonados, pois, não servem nem para o plantio de capim. Nos dois casos o consumo de água e energia é incrivelmente alto. A questão da segurança alimentar ou especificamente da fome, é uma questão política, os governos são incapazes de lidar com questões como essa. Propaganda, comércio, hábitos e costumes, não necessariamente nessa ordem, é que determinam o que se come.

  2. Au delà d’une consommation de 500 g/semaine…
    ce chiffre ne correspond pas aux recommandations médicales des nutrtionnistes, qui sont de l’ordre de 150g/jour soit environ 1Kg/semaine.

    Pour le reste, dans l’article, peu de réflexion sur l’élevage intensif, le premier à réduire, pour supprimer la viande de mauvaise qualité surnuméraire, liée au mal-être animal et à la pollution.

    1. Les nutritionnistes parlent en general en terme de Protéine a absorber par jour, autour de 0.7/0.8 g / Kg de poids de corps. Ces 0.7/0.8 g sont de toutes sources confondues : pois chiches, oeuf, poisson, viande, etc…. Dans un steak, ou poulet ou poisson , c’est environ 20g/100G de viande. Chacun fera ses calculs.

      Mais il me semble aussi interessant de voir la consommation de viande rouge sous l angle des risques de santé qu elle ferait courir, plutôt que sous l angle nutrition.

      EXTRAIT DU SITE E-CANCER, par l institut national du cancer . Je m y suis interessé car mon épouse à un cancer colorectal, jeune (moins de 50 ans), agressif et grave. Voici ce que dis le site :

      COMMENT LIMITER LES RISQUES DE CANCERS LIÉS À LA CONSOMMATION DE VIANDES ROUGES ET DE CHARCUTERIE ?

      “Il est recommandé de :

      – limiter la consommation de viandes rouges à moins de 500 g par semaine, soit environ 3 à 4 steaks (1 steak pesant entre 100 et 150 g) ;
      – privilégier la volaille et alterner avec poissons, œufs et légumes secs ;
      – limiter la consommation de charcuterie à moins de 150 g par semaine.
      En cas de consommation de charcuterie ou de viande rouge, il est recommandé de réduire autant que possible la taille des portions et la fréquence de consommation.

      article interessant, mais comme vous l indiquez. pour plus de details sur la pollution, voir carbon4/shift project de Jancovici. amicalement,

  3. Pierre, tout mon soutien pour votre épouse dans la guérison de son cancer.
    La limitation de la consommation de viande – aux besoins en fer héminique – n’est que l’un des 2 aspects. L’autre est de l’associer à l’ingestion d’aliments qui protègent justement des effets négatifs de cette oxydation: végétaux riches en vitamine C (fruits frais, crudités fraiches) et B-carotène ( de couleur verte ou rouge/orange).
    Et associer l’éventuelle diminution de viande, à l’introduction de lentilles (les légumineuses les meilleures pour la teneur en fer et la qualité protéique) une à deux fois par semaine. En plus, bien sûr, de la consommation alternative de produits de la mer.

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