Émissions de gaz à effet de serre : ça va être chaud !

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Alors que la température moyenne à la surface du globe a déjà dépassé de 1,45 °C la moyenne préindustrielle (1850-1900), les dernières données publiées par l’AIE et l’ONU-E il y a quelques jours sont claires : les objectifs de la conférence de Paris risquent d’être hors de portée. A moins que…

Année record en 2023

Les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) ont ont atteint 57,1 GtCO2eq en 2023, soit 1,3% de plus qu’en 2022. Cette progression relative est supérieure au taux moyen des augmentations annuelles observées au cours de la décennie pré-Covid qui était de 0,8%.

A l’exception du secteur de l’utilisation des terres-changement d’affectation des terres et foresterie (UTCATF) toutes les sources de GES ont augmenté en 2023 : la production d’électricité (15,1 GtCO2eq), le transport (8.4 GtCO2eq), l’agriculture (6,5 GtCO2eq) et l’industrie (6,5 GtCO2eq ). Les secteurs dont les émissions ont progressé de plus de 2,5% comprennent les fuites dans de la infrastructures de production de ressources énergétiques fossiles (pétrole, gaz et charbon), dans le transport routier et dans l’industrie (Source UNEP 2024).

Il y a de grandes disparités régionales. Les émissions de GES des pays du G20 ont augmenté de 1,8 % en 2023 pour s élever à 40,9 GtCO2eq soit 77% du total mondial. Six pays ou régions ont produit environ plus de 60 % des émissions mondiales l’an passé : la Chine (30%), les États-Unis (11%) et l’Inde (8%), l’Union européenne (6%), la Russie (5%), le Brésil 2 %. La part des émissions des 55 pays de l’Union africaine atteint seulement 5 % et les pays les moins développés ne représentaient que 3% de toutes les émissions de GES en 2023.

Malgré leur évolution au cours des deux dernières décennies, on observe des écarts significatifs sur les émissions par habitant  par rapport à la moyenne mondiale de 6,6 tCOeq/an/habitant : 19 en Russie, 18 au États-Unis, 11 en Chine, 7,3 dans l’Union Européenne (UE), 6 au Brésil, 2,9 en Inde, 2,2 pour l’Union Africaine et 1,5 pour les pays les moins développés.

Alors que les émissions ont baissé de 7,5 % dans l’ensemble de l’UE et de 1,4 % aux États-Unis elle ont augmenté plus que la moyenne mondiale en Inde (6,1%), en Chine (5%) et en Russie (2%).

Les objectifs de l’accord de Paris risquent d’être dépassés

L’accord de Paris pour le climat (2015) a pour objectif primordial de maintenir « l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels » et de poursuivre les efforts « pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. ». Ses 195 signataires définissent eux-mêmes les contributions qu’ils apportent pour atteindre ces objectifs avec des plans d’action appelés contributions déterminées au niveau national (CDN).

Ou en est on aujourd’hui ?

La lutte contre le réchauffement climatique a pris du retard. La poursuite des politiques actuelles conduiront à une augmentation de la température planétaire moyenne de 3,1° C d’ici à la fin du siècle. Si elles sont mis en œuvre mise en œuvre, les CDN connues à ce jour nous nous mènent vers un réchauffement global de 2,6 °C en 2100.

Pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, les émissions de GES doivent diminuer de 43% d’ici à 2030 (par rapport aux niveaux de 2019), or les engagements actuels des pays signataires se traduiront par une baisse des émissions de 2,6 % à la fin de la décennie.

Il est encore « techniquement » possible de se maintenir sous 1,5 °C…

…s’il y a une « mobilisation internationale d’une ampleur et d’un rythme sans précédent » (PNUE). En pratique ce la signifie que les émissions mondiales doivent diminuer de 9% par an des émissions mondiales d’ici à 2030. (NB : pendant la pandémie Covid au cours de laquelle l’économie mondiale a été ralentie (PIB -2,8%), les émissions des GES ont baissé de 5 % en 2020 versus 2019).

Outre l’accélération de la substitution des énergies fossiles par des ressources décarbonée et la protection des puits de carbone naturels, c’est la gouvernance globale coordonnée de politiques volontaristes dans tous les pays qu’il convient d’activer parallèlement à la réorganisation des ressources financières internationales nécessaire à la réussite de cette mobilisation qui ne pourra s’affranchir d’un véritable soutien des pays développés au bénéfice des pays en développement.

A l’approche de la COP 29 qui se tiendra dans deux semaines il n’est inutile de rappeler le réchauffement climatique n’a pas de frontières.

Cet article a été republié le 4/11/24 dans la rubrique “Analyses-Sciences & Société du site Educavox – https://educavox.fr/formation/analyse/emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-ca-va-etre-chaud

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8 thoughts on “Émissions de gaz à effet de serre : ça va être chaud !”

  1. Bonjour,

    Il y a de quoi écrire une thèse sur la question :

    Température
    Pollution marine, de l’air et des sols.
    L’eau est aussi un enjeu.

    Nécessité répétée d’une gouvernance mondiale pour prendre des décisions et pouvoir les appliquer.

    Non, au lieu de cela les empires se font la guerre !

    Il y a un progrès sensible au niveau des choix de production énergétique.

    Mais la production d’énergie continue d’augmenter.

    La production mondiale augmente dans un esprit de croissance…

  2. Il est inconcevable qu’en 2024 la situation puisse être encore ignorée. Elle était déjà reconnue quand les personnes en responsabilité aujourd’hui éaient à l’école.
    Il est bien plus vraisemblable que la situation d’inaction actuelle résulte de la priorité clairement revendiquée de protéger les avantages financiers établis.
    On peut craindre que de centrer le débat sur des explications depuis longtemps superflues ne démontre rien de plus qu’un alignement sur l’injonction générale desinée à éviter les remises en cause du système (qui n’est en aucun cas une “économie”), et de fait favorise la chute systémique.

    Merci de pardonner ma franchise, mais avons-nous encore le temps d’aider la catastrophe par l’excès d’une politesse imposée ?

    1. Il y a un peu plus de soixante ans, mon frère nous mentionne que la pollution était alors un problème susceptible de causer des embêtements aux humains dans quelques décennies ! Nous étions sceptiques, mais sachant qu’il était un lecteur assidu, ça m’a tout de même interpellé !

  3. Commentaire pour LinkedIn

    🌍 Un appel à l’action face à une année record d’émissions de GES en 2023 🌍

    L’article récemment publié met en lumière une réalité alarmante : les objectifs climatiques fixés lors de la Conférence de Paris sont gravement menacés. En 2023, les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un niveau record, avec une augmentation de 1,3 %. Si nous continuons sur cette lancée, nous risquons de voir une hausse de la température mondiale de 3,1 °C d’ici la fin du siècle.

    En tant que PME du secteur numérique, nous croyons fermement à notre rôle dans cette lutte. C’est pourquoi nous nous engageons à fournir à nos clients, PME et ETI de l’industrie, des solutions numériques qui facilitent la collaboration et réduisent les gaspillages de ressources. Nos outils visent à optimiser l’efficacité opérationnelle, contribuant ainsi activement à la durabilité et à l’efficience.

    Pour atteindre une réduction de 43 % des émissions d’ici 2030, et surtout pour maintenir le réchauffement en dessous de 1,5 °C, il est crucial d’adopter des stratégies innovantes et de favoriser une coopération internationale. Le temps des promesses est révolu ; il est temps de passer à l’action.

    À l’approche de la COP 29, engageons-nous collectivement pour un avenir plus durable. 💪✨
    #Climat #Sustainability #InnovationsNumériques #COP29 #ActionClimatique #PMEResponsables

  4. Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est que l’on semble, au nom du climat, ne plus s’inquiéter de la pauvreté, des inégalités, de la nécessité de développer des ressources pour pouvoir distribuer et répondre aux besoins… Que l’on se préoccupe d’envrironnement et de qualité de vie ne devrait pas se traduire par l’envoi à la casse des politiques sociales, mais aussi de nos outils de production, sous peine de voir nos modèles sociétaux et civilisationnels basculer dans une dépendance sans nom à l’Asie ou aux USA, et de ne plus s’inquiéter ni de noter jeunesse qui peine à s’intégrer, ni des aînés, dont on veut réduire encore les retraites, ni de la santé, de l’éducation, de la sécurité, du logement..

  5. Article très intéressant…et alarmant (exemple récent : les fortes pluies torrentielles dans la région de Valence !). Effectivement, la COP 21 s’est tenue à Paris (Le Bourget) du 04/12 au 05/12/2015, sous la protection de l’ONU (suite aux attentats monstrueux dans la capitale).
    Après de âpres négociations, l’accord fut adopté à l’unanimité le samedi soir par L. Fabius, à 19h30.
    Il prévoyait de réviser, tous les 5 ans, à partir de 2025, les engagements de tous les états vers une réduction des GES, ainsi qu’une aide financière aux pays pauvres victimes ! On est loin du compte : sortir du gaz et du pétrole peine, et il y a toujours prééminence des voitures thermiques…
    En conclusion, cette grande équation “écrite” semble IMPOSSIBLE A TENIR !

  6. La gestion des émission des GES doit être un objectif prioritaire pour l’humanité. Jusqu’à aujourd’hui, dans les pays dits développés, 2 indicateurs “drivent” les politiques publiques : la création de richesse (l’argent), et la recherche de pouvoir (pouvoir militaire, économique, …). Or le maintien de ces 2 objectifs est incompatible avec d’autres priorités bien plus fondamentales : le maintien de la paix dans le monde, et une meilleure gestion des ressources naturelles, la protection de la biodiversité et le maintien à moyen terme de la vie sur terre tout simplement. A mon sens, pour que la transition écologique deviennent le principal objectif partagé par tous, cela passerait en premier lieu par une équitable répartition des richesses entre les hommes. Ce qui impliquerait donc un transfert des richesses, et plus de pouvoir confié à une organisation supranationale de type ONU pour garantir l’équité pour tous. Sommes nous prêts à tenter ce pari ? L’arrivée de Trump au pouvoir aux USA, le maintien de Poutine en Russie, de Xi Jinping en Chine, semblent malheureusement montrer le contraire… La solution réside certainement dans nos petites actions du quotidien, à notre échelle, et dans la dispensation d’informations et de communications telles que celles proposées dans cet article de qualité pour éveiller les consciences.

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